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Tout commença en dĂ©cembre 1966, qui marqua le dĂ©but d'une sĂ©rie extraordinaire d'Ă©vĂ©nements dans ma vie. J'Ă©tais en troisiĂšme annĂ©e Ă l'universitĂ© de Californie Ă Berkeley. Un jour Ă trois heures vingt du matin, dans une station-service ouverte toute la nuit, je rencontrai pour la premiĂšre fois Socrate. Il ne me dit pas son vrai nom, mais aprĂšs avoir passĂ© un moment avec lui cette nuit-lĂ , je l'appelai d'instinct comme l'ancien sage grec ; le nom lui plut et lui resta. Cette rencontre fortuite, ainsi que les aventures qui ont suivi, allaient changer ma vie.» L'homme que l'auteur appelle Socrate a rĂ©ellement existĂ©. ĂgĂ© de presque cent ans, Socrate rĂ©vĂšle une formidable jeunesse d'esprit et un humour dĂ©capant. Ă son contact, Dan, un sportif de haut niveau en mal de vivre, voit ses croyances complĂštement bouleversĂ©es. GuidĂ© par le vieux sorcier excentrique, Dan triomphe peu Ă peu de ses peurs et de ses illusions pour vivre comme un amoureux et un guerrier... pacifique.
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Leto-II PostĂ© le 31 mars 2004 Ă 184805 je lai vu ya une semaine en Angleterre c un film inutile car il nÂŽapporte rien a personne, chrĂ©tien ou non. les 2/3 du film sont une boucherie trĂšs sadique, c Hollywood. il etait interdit au moins de 18 en Angleterre mais au moins de 12 en france franchement un gosse de 12 13 ans ne peut pas voir sa, c trop horrible, javai envie de gerber tellement ya une accumulation de violence un film pour les passionĂ©s de la violence, mais ames sensibles sÂŽabstenir, c trop gore, inutilement gore. vinz_sonic PostĂ© le 31 mars 2004 Ă 190007 C a peut pres se que jâai ressenti aussi se film devrai ĂȘtre interdit au â de 16 ans minimum, ce film est totalement inutile car il nÂŽapporte rien a personne moi qui nâest aucune croyance voilas se que jâai retenu de se film jĂ©sus etait un fou qui a crĂ©e une secte et qui se prenait pour le fils de dieu voilas pour quoi il fut crucifier vinz_sonic PostĂ© le 31 mars 2004 Ă 193347 oui au faite jÂŽai pas trouvĂ© le film antisĂ©mique dom370 PostĂ© le 31 mars 2004 Ă 195357 hĂ© bĂ©! Je ne me doutais pas que cÂŽĂ©tait Ă ce point-lĂ ! Il avait dĂ©jĂ fait fort, au niveau de la violence avec le gĂ©nial BraveHeart, mais apparemment, ici cÂŽest pire... Le peuple a besoin de sang, les jeux du cirque lui manquent? THANATHOS PostĂ© le 31 mars 2004 Ă 195442 le christianisme est une R-E-L-I-G-I-O-N pas une secte ! !! et JĂ©sus nÂŽĂ©tait pas un fou ! ! merde quoi ! !! cÂŽest pas parceque vous Ăštes athĂ©es quÂŽil faut dire des Ă©normitĂ©s ! ! JĂ©sus sÂŽest fait crucifier parce que ces empaffĂ©s de Pharisiens de merde lÂŽont balancĂ© aux Romains et que personne a levĂ© le petit doigt pour lÂŽaider rien dÂŽautre!!!!!!! vinz_sonic PostĂ© le 31 mars 2004 Ă 200229 dsl thanathos moi je croie pas en dieu danc tout religion nÂŽa pour moi aucun cense dom370 PostĂ© le 31 mars 2004 Ă 200253 Tiens, ben il est peut-ĂȘtre lĂ , le message la religion rend violent et agressif... vinz_sonic PostĂ© le 31 mars 2004 Ă 200848 moi le film je lÂŽai vu une fois,je ne veux pas le revoir, ni lÂŽavoir dans ma DVD-thĂšque et meme pas dans ma divx-thĂšque unrealminator PostĂ© le 31 mars 2004 Ă 200901 Moi je pense quÂŽil nÂŽy ait pas dÂŽavis objectifs sur ce film... Par exemple moi je crois que toutes les religions sont des sectes, et puis voilĂ cÂŽest tout, je ne vais pas aller le crier haut et fort dans la rue pour autant. Et il suffit dÂŽĂȘtre croyant ou pas, et chacun aura sa propre opinion du film, aucune ne sera fausse, et puis voilĂ ^^
Lefilm la Passion du Christ, de Mel Gibson
AurĂ©olĂ© du label fait rĂ©el » brandi tel un Ă©tendard, Tu ne tueras point est lâhistoire dâune conviction toute entiĂšre contenue dans le commandement du titre, une parole dâessence divine incarnĂ©e en la personne de Desmond Doss, jeune amĂ©ricain pris dans la tourmente de la Seconde Guerre Mondiale, et qui sâenrĂŽle dans lâarmĂ©e en refusant de porter une arme. Mel Gibson rĂ©injecte en premier lieu cette anomalie dans le sillon tracĂ© par Stanley Kubrick et son Full Metal Jacket 1987, en se focalisant sur lâinitiation des recrues avant le dĂ©part pour le champ de bataille. Le film repose alors sur un paradoxe a priori intenable comment une conception pacifiste ou, pour ĂȘtre plus prĂ©cis, non-violente, peut-elle rĂ©sister Ă lâĂ©preuve dâun engagement guerrier ? Cette tension entre idĂ©e et rĂ©alitĂ© constitue lâenjeu de la premiĂšre moitiĂ© du rĂ©cit, oĂč notre jeune hĂ©ros se retrouve pris en porte-Ă -faux vis-Ă -vis des valeurs de sa patrie, alors mĂȘme quâil obĂ©it Ă un prĂ©cepte chrĂ©tien â la religion Ă©tant, on le sait, un des fondements identitaires de la nation amĂ©ricaine. Devenu bouc Ă©missaire de ses compagnons dâunitĂ© comme de ses supĂ©rieurs, Doss ira jusquâĂ manquer son mariage et mettre en jeu sa libertĂ© pour conserver son intĂ©gritĂ©. Sur ce canevas limpide se brode un premier acte archĂ©typal mais savoureux, quoique parfois grossier Gibson ne rĂ©siste pas Ă lâexplication psychologique fumeuse, Ă base de traumatisme originel et de rĂ©vĂ©lation morale. Entre trahison et intĂ©gritĂ© En contant le parcours de ce jeune homme fluet tout entier portĂ© par une idĂ©e, rĂ©sistant aux railleries et dangers pour se voir in fine sacralisĂ© en symbole de la nation, le rĂ©alisateur de Braveheart 1995 affiche ce besoin de rĂ©activer, Ă lâheure des super-hĂ©ros et autres franchises de cinĂ©ma dâaction qui semblent devoir ne plus finir, une figure hĂ©roĂŻque qui ne soit ni surhumaine, ni liĂ©e au mythe dâune gloire vieillissante. Bien que lĂ©gitime, cette dĂ©marche sâexerce dans les faits aux dĂ©pens de toute autre considĂ©ration. Aussi la guerre, lieu privilĂ©giĂ© de la seconde partie du film, se voit rĂ©duite Ă un simple contexte, un milieu hostile interchangeable, prĂ©texte au suivi dâune trajectoire homĂ©rique confortablement tracĂ©e. Seulement, le rĂ©cit tout entier navigue autour dâun impensĂ© problĂ©matique. PassĂ©e lâintransigeance de sa conduite morale, Doss reste une personnalitĂ© contradictoire sâil refuse de tuer, il ne remet pas tant en cause la violence quâil sâen absout en ne la pratiquant pas, ce qui ne le rend pas moins complice. De fait, nâest-il pas permis dâidentifier une certaine hypocrisie dans cette volontĂ© apparemment altruiste de recoller les morceaux dâun monde qui se dĂ©chire » dixit, en substance, le hĂ©ros sans contester la violence en tant que telle ? Lâouverture dâesprit du protagoniste il soigne un japonais, et en Ă©vacue par ouĂŻe dire deux autres du champ de bataille apparaĂźt aussitĂŽt comme un leurre, tant Gibson sâĂ©chine Ă gommer soigneusement ces petites aspĂ©ritĂ©s, les relĂ©guant de maniĂšre significative Ă la plus totale inconsĂ©quence. Et son hĂ©ros de muer inexorablement, au cours de la seconde moitiĂ© du film, du statut de puissance incorruptible, Ă celui de simple fonction infĂ©odĂ©e Ă la logique de lâaction. De maniĂšre gĂ©nĂ©rale, Tu ne tueras point, en retard de plus dâun demi-siĂšcle par la vision du monde quâil exhale, relĂšve dâune irresponsabilitĂ© crasse. Un classique comme Aventures en Birmanie 1945 avait de quoi exaspĂ©rer par le contenu propagandiste de certaines sĂ©quences, mais le travail de Raoul Walsh brillait par lâintense Ă©pure de son trait lâennemi Ă©tait filmĂ© comme une figure abstraite, sans visage ni contour, lâaction Ă©tant de son cĂŽtĂ© principalement rĂ©duite Ă des effets de suggestion. Sous la camĂ©ra de Gibson, le camp adverse sâassimile Ă une somme de pantins dĂ©sarticulĂ©s et de visages grimaçants, dâaffligeants rictus dâhorreur gouvernĂ©s par une mĂȘme pulsion de mort le hara-kiri du haut gradĂ© japonais, mis en parallĂšle avec le hĂ©ros blessĂ© luttant pour sa vie et ne sâembarrassant dâaucun code moral la sĂ©quence du drapeau blanc, dont lâineptie confine au grotesque. Avec le rĂ©cent American Sniper 2015 â que mon confrĂšre, dans son article, aborde sous un autre angle â, Clint Eastwood Ă©pousait froidement le point de vue dâun soldat devenu une machine Ă tuer, et, par lĂ mĂȘme, dressait un portrait de lâAmĂ©rique et de ses contradictions inhĂ©rentes â une image diffractĂ©e, plurielle, in fine prĂ©servĂ©e dans un rĂȘve dâunitĂ© qui ne laissait pas dupe. Le film Ă©tait fondamentalement ambigu, dĂ©rangeant, passionnant. Tu ne tueras point agit comme son exact pendant, tant il sâastreint Ă construire une reprĂ©sentation lisse et univoque, au premier degrĂ© pleinement assumĂ©e. Parce quâil tĂ©moigne dâune croyance absolue en lâimage â câest probablement ici que se dĂ©partageront adeptes et dĂ©tracteurs â et en lâidĂ©ologie quâelle vĂ©hicule, le cinĂ©aste ne se trouve jamais dans une position dâobservation ou de questionnement, Ă©crasant tout ce quâil filme sous le sceau dâune vision autoritaire et peu encline Ă sâembarrasser de quelque Ă©thique. Lâoeuvre a la clartĂ© de lâĂ©vidence pour elle, ce qui en rend dâautant peu aisĂ©e lâanalyse la laideur des intentions et des idĂ©es est si transparente, quâon jurerait, en vain, quâil y a quelque chose derriĂšre. Regarde les hommes tomber Rarement un film nâaura Ă©tĂ© le lieu dâune inadĂ©quation aussi totale entre le propos revendiquĂ© et la forme choisie, Gibson se conformant approximativement Ă la lettre pour mieux trahir lâesprit. Tu ne tueras point se pare jusque dans son titre dâalibis trop voyants pour ĂȘtre honnĂȘtes rappelons que le propos est censĂ© reposer sur un rapport traumatique Ă la violence, et la conviction qui en dĂ©coule, tout en sâadonnant aux pires travers esthĂ©tiques, comme si le sujet pouvait excuser la maniĂšre. En donnant tout Ă voir â mises Ă mort spectaculaires et autres blessures riches en hĂ©moglobine â sans travail de durĂ©e ni dâincarnation, le long mĂ©trage normalise une violence devenue simple prĂ©texte Ă une avalanche gore. Sa logique est celle de lâaccumulation dâeffets de tous les sĂ©vices montrĂ©s, rien ne perdure au-delĂ de lâimmĂ©diatetĂ© du choc. Chaque image efface la prĂ©cĂ©dente, en autant dâinstantanĂ©s de corps souffrants, suppliciĂ©s, dĂ©formĂ©s, finalement rĂ©duits Ă des objets de sidĂ©ration purement superficiels. Mais Gibson ne sâarrĂȘte pas lĂ en une dynamique proprement incohĂ©rente, sa mise en scĂšne glorifie, Ă grands renforts de ralentis et de musique emphatique, un homme qui disait â lâintĂ©ressĂ© lui-mĂȘme sâen porte garant, images dâarchives Ă lâappui â se contenter dâun sourire comme seul tĂ©moignage de reconnaissance. Le fond de la dĂ©marche est plus que douteux, en tant quâil consiste Ă se repaĂźtre dâune humilitĂ© pour la renverser en pur argument de spectacle. De maniĂšre gĂ©nĂ©rale, cette instrumentalisation du hĂ©ros nâest pas innocente, dans la mesure oĂč le cĆur du film, son entreprise vĂ©ritable, rĂ©side en un processus de lĂ©gitimation Desmond Doss incarne cette bonne conscience dâune AmĂ©rique qui a toujours eu besoin de valeurs pour justifier ses actions, et de la foi pour supporter sa violence. Involontairement, Tu ne tueras point donne Ă penser cet accouplement monstrueux des extrĂȘmes, oĂč le bien nâest finalement rien dâautre que la caution dâun mal quâil entend rĂ©sorber et, ce faisant, contribue Ă lĂ©gitimer. Par lâindigence de ses partis pris, le cinĂ©aste finit peut-ĂȘtre par mettre le doigt sur la vĂ©ritable nature dâun personnage qui, par-delĂ tout le dĂ©corum altruiste, reste un individualiste forcenĂ©. Dâune telle conduite, jamais Gibson nâexplore la part dâombre, les limites, ou la dynamique vitaliste, trop prĂ©occupĂ© par lâadhĂ©sion facile du spectateur, et en cela Ă mille lieues dâun destin semblablement mythifiĂ© comme celui du Rebelle King Vidor, 1949, qui puisait dans ses ambiguĂŻtĂ©s et son refus total des compromis une ardeur Ă©tourdissante et, ce faisant, une insolente puissance de fascination. Rien de tel ici, et pourtant, sous le baume des apparences, lâenjeu consiste moins Ă sauver des vies rĂ©duites Ă lâĂ©tat de simples fonctions, quâĂ prĂ©server son Ăąme en tĂ©moigne lâultime plan du film, oĂč Doss se voit littĂ©ralement consacrĂ© en surhomme. Cette image christique dâun corps souriant sur son brancard, suspendu au-dessus du vide, en surplomb de la misĂšre et du chaos des hommes, est particuliĂšrement transparente quant Ă la dĂ©marche rĂ©elle qui sous-tend Tu ne tueras point des brimades encaissĂ©es en silence Ă la haie dâhonneur finale, la trajectoire de Doss nâaura consistĂ© quâĂ tout Ă©craser sous le poids de sa condition hĂ©roĂŻque. De ce point de vue, on saura grĂ© au cinĂ©aste de se libĂ©rer enfin des prĂ©textes en osant aller au bout de son idĂ©e le film ne sâachĂšve pas sur la rĂ©union familiale attendue, mais sur son hĂ©ros niant le monde, les yeux rivĂ©s vers le ciel, avec sa propre lĂ©gende pour unique horizon.
Filmcomplet VIP ils mettent des films complet en français Commenter 0. Signaler; RĂ©ponse 6 / 15 . Utilisateur anonyme ModifiĂ© par Beta_pro le 15/01/2012 Ă 20:40. L'inevitable : La guerre des boutons Version rĂ©cente : la Nouvelle guerre des boutons, La grande Vadrouille Votez + si cette rĂ©ponse vous a servi. Beta_pro ! All Right Reserved ! Commenter 1. Signaler;ï»żLe film relate les douze derniĂšres heures de la vie de JĂ©sus-Christ, considĂ©rĂ©es comme les plus intenses de sa vie dans lesquelles JĂ©sus-Christ institue l'Eucharistie. Il montre JĂ©sus priant au mont des Oliviers, et rĂ©sister Ă la tentation de Satan. On voit ensuite JĂ©sus capturĂ© par les autoritĂ©s juives, et flagellĂ© du fait de sa dĂ©nonciation par Judas auprĂšs des Grands PrĂȘtres. Suite Ă cela on voit son jugement devant le prĂ©fet romain Ponce Pilate, ainsi que son passage devant HĂ©rode, et sa condamnation Ă mort. Le film Ă©tant coupĂ© de flash back sur les moments principaux de la vie publique du Christ, comme le sermon des BĂ©atitudes. Le film s'achĂšve par la montĂ©e au Calvaire de JĂ©sus et par sa crucifixion, avec Marie et Marie Madeleine comme tĂ©moins. Puis finit par la rĂ©surrection du Christ. Bien avant la sortie de son film aux Etats-Unis, Mel Gibson avait organisĂ© pour les sommitĂ©s journalistiques et religieuses des projections privĂ©es. S'il comptait s'assurer ainsi la bienveillance des gens en place, il a mal calculĂ© son coup, ou peut-ĂȘtre a-t-il fait preuve, au contraire, d'un machiavĂ©lisme supĂ©rieur. Les commentaires ont tout de suite suivi et, loin de louer le film ou mĂȘme de rassurer le public, ce ne furent partout que vitupĂ©rations affolĂ©es et cris d'alarme angoissĂ©s au sujet des violences antisĂ©mites qui risquaient de se produire Ă la sortie des cinĂ©mas. MĂȘme le New Yorker, si fier de l'humour serein dont, en principe, il ne se dĂ©part jamais, a complĂštement perdu son sang-froid et trĂšs sĂ©rieusement accusĂ© le film d'ĂȘtre plus semblable Ă la propagande nazie que toute autre production cinĂ©matographique depuis la Seconde Guerre ne justifie ces accusations. Pour Mel Gibson, la mort du Christ est l'oeuvre de tous les hommes, Ă commencer par Gibson lui-mĂȘme. Lorsque son film s'Ă©carte un peu des sources Ă©vangĂ©liques, ce qui arrive rarement, ce n'est pas pour noircir les Juifs mais pour souligner la pitiĂ© que JĂ©sus inspire Ă certains d'entre eux, Ă un Simon de CyrĂšne par exemple, dont le rĂŽle est augmentĂ©, ou Ă une VĂ©ronique, la femme qui, selon une tradition ancienne, a offert Ă JĂ©sus, pendant la montĂ©e au Golgotha, un linge sur lequel se sont imprimĂ©s les traits de son visage. Plus les choses se calment, plus il devient clair, rĂ©trospectivement, que ce film a dĂ©clenchĂ© dans les mĂ©dias les plus influents du monde une vĂ©ritable crise de nerfs qui a plus ou moins contaminĂ© par la suite l'univers entier. Plus les choses se calment, plus il devient clair, rĂ©trospectivement, que ce film a dĂ©clenchĂ© dans les mĂ©dias les plus influents du monde une vĂ©ritable crise de nerfs qui a plus ou moins contaminĂ© par la suite l'univers entier. Le public n'avait rien Ă voir Ă l'affaire puisqu'il n'avait pas vu le film. Il se demandait avec curiositĂ©, forcĂ©ment, ce qu'il pouvait bien y avoir dans cette Passion pour semer la panique dans un milieu pas facile en principe Ă effaroucher. La suite Ă©tait facile Ă prĂ©voir au lieu des deux mille six cents Ă©crans initialement prĂ©vus, ils furent plus de quatre mille Ă projeterThe Passion of the Christ Ă partir du mercredi des Cendres, jour choisi, de toute Ă©vidence, pour son symbolisme pĂ©nitentiel. DĂšs la sortie du film, la thĂšse de l'antisĂ©mitisme a perdu du terrain mais les adversaires du film se sont regroupĂ©s autour d'un second grief, la violence excessive qui, Ă les en croire, caractĂ©riserait ce film. DĂšs la sortie du film, la thĂšse de l'antisĂ©mitisme a perdu du terrain mais les adversaires du film se sont regroupĂ©s autour d'un second grief, la violence excessive qui, Ă les en croire, caractĂ©riserait ce film. Cette violence est grande, indubitablement, mais elle n'excĂšde pas, il me semble, celle de bien d'autres films que les adversaires de Mel Gibson ne songent pas Ă dĂ©noncer. Cette Passion a bouleversĂ©, trĂšs provisoirement sans doute, l'Ă©chiquier des rĂ©actions mĂ©diatiques au sujet de la violence dans les spectacles. Tous ceux qui, d'habitude, s'accommodent trĂšs bien de celle-ci ou voient mĂȘme dans ses progrĂšs constants autant de victoires de la libertĂ© sur la tyrannie, voilĂ qu'ils la dĂ©noncent dans le film de Gibson avec une vĂ©hĂ©mence extraordinaire. Tous ceux qui, au contraire, se font d'habitude un devoir de dĂ©noncer la violence, sans obtenir jamais le moindre rĂ©sultat, non seulement tolĂšrent ce mĂȘme film mais frĂ©quemment ils le vĂ©nĂšrent. Jamais on n'avait filmĂ© avec un tel rĂ©alisme Pour justifier leur attitude, les opposants empruntent Ă leurs adversaires habituels tous les arguments qui leur paraissent excessifs et mĂȘme ridicules dans la bouche de ces derniers. Ils redoutent que cette Passion ne dĂ©sensibilise» les jeunes, ne fasse d'eux de vĂ©ritables droguĂ©s de la violence, incapables d'apprĂ©cier les vrais raffinements de notre culture. On traite Mel Gibson de pornographe» de la violence, alors qu'en rĂ©alitĂ© il est un des trĂšs rares metteurs en scĂšne Ă ne pas systĂ©matiquement mĂȘler de l'Ă©rotisme Ă la violence. Certains critiques poussent l'imitation de leurs adversaires si loin qu'ils mĂȘlent le religieux Ă leurs diatribes. Ils reprochent Ă ce film son impiĂ©té», ils vont jusqu'Ă l'accuser, tenez-vous bien, d'ĂȘtre blasphĂ©matoire». Cette Passion a provoquĂ©, en somme, entre des adversaires qui se renvoient depuis toujours les mĂȘmes arguments, un Ă©tonnant chassĂ©-croisĂ©. Cette double palinodie se dĂ©roule avec un naturel si parfait que l'ensemble a toute l'apparence d'un ballet classique, d'autant plus Ă©lĂ©gant qu'il n'a pas la moindre conscience de lui-mĂȘme. Quelle est la force invisible mais souveraine qui manipule tous ces critiques sans qu'ils s'en aperçoivent? A mon avis, c'est la Passion elle-mĂȘme. Si vous m'objectez qu'on a filmĂ© celle-ci bien des fois dans le passĂ© sans jamais provoquer ni l'indignation formidable ni l'admiration, aussi formidable sans doute mais plus secrĂšte, qui dĂ©ferlent aujourd'hui sur nous, je vous rĂ©pondrai que jamais encore on n'avait filmĂ© la Passion avec le rĂ©alisme implacable de Gibson. C'est la saccharine hollywoodienne d'abord qui a dominĂ© le cinĂ©ma religieux, avec des JĂ©sus aux cheveux si blonds et aux yeux si bleus qu'il n'Ă©tait pas question de les livrer aux outrages de la soldatesque romaine. Ces derniĂšres annĂ©es, il y a eu des Passions plus rĂ©alistes, mais moins efficaces encore, car agrĂ©mentĂ©es de fausses audaces postmodernistes, sexuelles de prĂ©fĂ©rence, sur lesquelles les metteurs en scĂšne comptaient pour pimenter un peu les Evangiles jugĂ©s par eux insuffisamment scandaleux. Ils ne voyaient pas qu'en sacrifiant Ă l'acadĂ©misme de la rĂ©volte» ils affadissaient la Passion, ils la banalisaient. Pour restituer Ă la crucifixion sa puissance de scandale, il suffit de la filmer telle quelle, sans rien y ajouter, sans rien en retrancher. Mel Gibson a-t-il rĂ©alisĂ© ce programme jusqu'au bout? Pas complĂštement sans doute, mais il en a fait suffisamment pour Ă©pouvanter tous les conformismes. Le principal argument contre ce que je viens de dire consiste Ă accuser le film d'infidĂ©litĂ© Ă l'esprit des Evangiles. Il est vrai que les Evangiles se contentent d'Ă©numĂ©rer toutes les violences que subit le Christ, sans jamais les dĂ©crire de façon dĂ©taillĂ©e, sans jamais faire voir la Passion comme si on y Ă©tait». Tirer de la nuditĂ© et de la rapiditĂ© du texte Ă©vangĂ©lique un argument contre le rĂ©alisme de Mel Gibson, c'est escamoter l'histoire. C'est ne pas voir que, au premier siĂšcle de notre Ăšre, la description rĂ©aliste au sens moderne ne pouvait pas ĂȘtre pratiquĂ©e, car elle n'Ă©tait pas encore inventĂ©e. C'est parfaitement exact, mais tirer de la nuditĂ© et de la rapiditĂ© du texte Ă©vangĂ©lique un argument contre le rĂ©alisme de Mel Gibson, c'est escamoter l'histoire. C'est ne pas voir que, au premier siĂšcle de notre Ăšre, la description rĂ©aliste au sens moderne ne pouvait pas ĂȘtre pratiquĂ©e, car elle n'Ă©tait pas encore inventĂ©e. L'impulsion premiĂšre dans le dĂ©veloppement du rĂ©alisme occidental vient trĂšs probablement de la Passion. Les Ăvangiles n'ont pas dĂ©libĂ©rĂ©ment rejetĂ© une possibilitĂ© qui n'existait pas Ă leur Ă©poque. Il est clair que, loin de fuir le rĂ©alisme, ils le recherchent, mais les ressources font dĂ©faut. Les rĂ©cits de la Passion contiennent plus de dĂ©tails concrets que toutes les Ćuvres savantes de l'Ă©poque. Ils reprĂ©sentent un premier pas en avant vers le toujours plus de rĂ©alisme qui dĂ©finit le dynamisme essentiel de notre culture dans ses Ă©poques de grande vitalitĂ©. Le premier moteur du rĂ©alisme, c'est le dĂ©sir de nourrir la mĂ©ditation religieuse qui est essentiellement une mĂ©ditation sur la Passion du Christ. En enseignant le mĂ©pris du rĂ©alisme et du rĂ©el lui-mĂȘme, l'esthĂ©tique moderne a complĂštement faussĂ© l'interprĂ©tation de l'art occidental. En enseignant le mĂ©pris du rĂ©alisme et du rĂ©el lui-mĂȘme, l'esthĂ©tique moderne a complĂštement faussĂ© l'interprĂ©tation de l'art occidental. Elle a inventĂ©, entre l'esthĂ©tique d'un cĂŽtĂ©, le technique et le scientifique de l'autre, une sĂ©paration qui n'a commencĂ© Ă exister qu'avec le modernisme, lequel n'est peut-ĂȘtre qu'une appellation flatteuse de notre dĂ©cadence. La volontĂ© de faire vrai, de peindre les choses comme si on y Ă©tait a toujours triomphĂ© auparavant et, pendant des siĂšcles, elle a produit des chefs-d'oeuvre dont Gibson dit qu'il s'est inspirĂ©. Il mentionne lui-mĂȘme, me dit-on, le Caravage. Il faut songer aussi Ă certains Christ romans, aux crucifixions espagnoles, Ă un JĂ©rĂŽme Bosch, Ă tous les Christ aux outrages... Loin de mĂ©priser la science et la technique, la grande peinture de la Renaissance et des siĂšcles modernes met toutes les inventions nouvelles au service de sa volontĂ© de rĂ©alisme. Loin de rejeter la perspective, le trompe-l'oeil, on accueille tout cela avec passion. Qu'on songe au Christ mort de Mantegna... Pour comprendre ce qu'a voulu faire Mel Gibson, il me semble qu'il faut se libĂ©rer de tous les snobismes modernistes et postmodernistes et envisager le cinĂ©ma comme un prolongement et un dĂ©passement du grand rĂ©alisme littĂ©raire et pictural. Si les techniques contemporaines passent souvent pour incapables de transmettre l'Ă©motion religieuse, c'est parce que jamais encore de grands artistes ne les ont transfigurĂ©es. Leur invention a coĂŻncidĂ© avec le premier effondrement de la spiritualitĂ© chrĂ©tienne depuis le dĂ©but du christianisme. Si les artistes de la Renaissance avaient disposĂ© du cinĂ©ma, croit-on vraiment qu'ils l'auraient dĂ©daignĂ©? C'est avec la tradition rĂ©aliste que Mel Gibson s'efforce de renouer. L'aventure tentĂ©e par lui consiste Ă utiliser Ă fond les ressources incomparables de la technique la plus rĂ©aliste qui fĂ»t jamais, le cinĂ©ma. Les risques sont Ă la mesure de l'ambition qui caractĂ©rise cette entreprise, inhabituelle aujourd'hui, mais frĂ©quente dans le passĂ©. Si l'on entend rĂ©ellement filmer la Passion et la crucifixion, il est bien Ă©vident qu'on ne peut pas se contenter de mentionner en quelques phrases les supplices subis par le Christ. Il faut les reprĂ©senter. Dans la tragĂ©die grecque, il Ă©tait interdit de reprĂ©senter la mort du hĂ©ros directement, on Ă©coutait un messager qui racontait ce qui venait de se passer. Au cinĂ©ma, il n'est plus possible d'Ă©luder l'essentiel. Court-circuiter la flagellation ou la mise en croix, par exemple, ce serait reculer devant l'Ă©preuve dĂ©cisive. Il faut reprĂ©senter ces choses Ă©pouvantables comme si on y Ă©tait». Faut-il s'indigner si le rĂ©sultat ne ressemble guĂšre Ă un tableau prĂ©raphaĂ©lite? Au-delĂ d'un certain nombre de coups, la flagellation romaine, c'Ă©tait la mort certaine, un mode d'exĂ©cution comme les autres, en somme, au mĂȘme titre que la crucifixion. Mel Gibson rappelle cela dans son film. La violence de sa flagellation est d'autant plus insoutenable qu'elle est admirablement filmĂ©e, ainsi que tout le reste de l'oeuvre d'ailleurs. Mel Gibson se situe dans une certaine tradition mystique face Ă la Passion Quelle goutte de sang as-tu versĂ©e pour moi?», etc. Il se fait un devoir de se reprĂ©senter les souffrances du Christ aussi prĂ©cisĂ©ment que possible, pas du tout pour cultiver l'esprit de vengeance contre les Juifs ou les Romains, mais pour mĂ©diter sur notre propre culpabilitĂ©. Cette attitude n'est pas la seule possible, bien sĂ»r, face Ă la Passion. Et il y aura certainement un mauvais autant qu'un bon usage de son film, mais on ne peut pas condamner l'entreprise apriori, on ne peut pas l'accuser les yeux fermĂ©s de faire de la Passion autre chose qu'elle n'est. Jamais personne, dans l'histoire du christianisme, n'avait encore essayĂ© de reprĂ©senter la Passion telle que rĂ©ellement elle a dĂ» se dĂ©rouler. Dans la salle oĂč j'ai vu ce film, sa projection Ă©tait prĂ©cĂ©dĂ©e de trois ou quatre coming attractions remplies d'une violence littĂ©ralement imbĂ©cile, ricanante, pĂ©trie d'insinuations sado-masochistes, dĂ©pourvue de tout intĂ©rĂȘt non seulement religieux mais aussi narratif, esthĂ©tique ou simplement humain. Comment ceux qui consomment quotidiennement ces abominations, qui les commentent, qui en parlent Ă leurs amis, peuvent-ils s'indigner du film de Mel Gibson? VoilĂ qui dĂ©passe mon entendement. Comment pourrait-on exagĂ©rer les souffrances d'un homme qui doit subir, l'un aprĂšs l'autre, les deux supplices les plus terribles inventĂ©s par la cruautĂ© romaine ? Il faut donc commencer par absoudre le film du reproche absurde d'aller trop loin», d'exagĂ©rer Ă plaisir les souffrances du Christ». Comment pourrait-on exagĂ©rer les souffrances d'un homme qui doit subir, l'un aprĂšs l'autre, les deux supplices les plus terribles inventĂ©s par la cruautĂ© romaine? Une fois reconnue la lĂ©gitimitĂ© globale de l'entreprise, il est permis de regretter que Mel Gibson soit allĂ© plus loin dans la violence que le texte Ă©vangĂ©lique ne l'exige. Il fait commencer les brutalitĂ©s contre JĂ©sus tout de suite aprĂšs son arrestation, ce que les Evangiles ne suggĂšrent pas. Ne serait-ce que pour priver ses critiques d'un argument spĂ©cieux, le metteur en scĂšne aurait mieux fait, je pense, de s'en tenir Ă l'indispensable. L'effet global serait tout aussi puissant et le film ne prĂȘterait pas le flanc au reproche assez hypocrite de flatter le goĂ»t contemporain pour la violence. D'oĂč vient ce formidable pouvoir Ă©vocateur qu'a sur la plupart des hommes toute reprĂ©sentation de la Passion fidĂšle au texte Ă©vangĂ©lique? Il y a tout un versant anthropologique de la description Ă©vangĂ©lique, je pense, qui n'est ni spĂ©cifiquement juif, ni spĂ©cifiquement romain, ni mĂȘme spĂ©cifiquement chrĂ©tien et c'est la dimension collective de l'Ă©vĂ©nement, c'est ce qui fait de lui, essentiellement, un phĂ©nomĂšne de foule. La foule qui fait un triomphe Ă JĂ©sus ce dimanche-lĂ est celle-lĂ mĂȘme qui hurlera Ă la mort cinq jours plus tard. Mel Gibson a raison, je pense, de souligner le revirement de cette foule, l'inconstance cruelle des foules, leur Ă©trange versatilitĂ©. Une des choses que le Pilate de Mel Gibson dit Ă la foule ne figure pas dans les Evangiles mais me paraĂźt fidĂšle Ă leur esprit Il y a cinq jours, vous dĂ©siriez faire de cet homme votre roi et maintenant vous voulez le tuer.» C'est une allusion Ă l'accueil triomphal fait Ă JĂ©sus le dimanche prĂ©cĂ©dent, le dimanche dit des Rameaux dans le calendrier liturgique. La foule qui fait un triomphe Ă JĂ©sus ce dimanche-lĂ est celle-lĂ mĂȘme qui hurlera Ă la mort cinq jours plus tard. Mel Gibson a raison, je pense, de souligner le revirement de cette foule, l'inconstance cruelle des foules, leur Ă©trange versatilitĂ©. Toutes les foules du monde passent aisĂ©ment d'un extrĂȘme Ă l'autre, de l'adulation passionnĂ©e Ă la dĂ©testation, Ă la destruction frĂ©nĂ©tique d'un seul et mĂȘme individu. Il y a d'ailleurs un grand texte de la Bible qui ressemble beaucoup plus Ă la Passion Ă©vangĂ©lique qu'on ne le perçoit d'habitude, et c'est le Livre de Job. AprĂšs avoir Ă©tĂ© le chef de son peuple pendant de nombreuses annĂ©es, Job est brutalement rejetĂ© par ce mĂȘme peuple qui le menace de mort par l'intermĂ©diaire de trois porte-parole toujours dĂ©signĂ©s, assez cocassement, comme les amis de Job». Le propre d'une foule agitĂ©e, affolĂ©e, c'est de ne pas se calmer avant d'avoir assouvi son appĂ©tit de violence sur une victime dont l'identitĂ© le plus souvent ne lui importe guĂšre. C'est ce que sait fort bien Pilate qui, en sa qualitĂ© d'administrateur, a de l'expĂ©rience en la matiĂšre. Le procurateur propose Ă la foule, pour commencer, de faire crucifier Barrabas Ă la place de JĂ©sus. Devant l'Ă©chec de cette premiĂšre manoeuvre trĂšs classique, Ă laquelle il recourt visiblement trop tard, Pilate fait flageller JĂ©sus dans l'espoir de satisfaire aux moindres frais, si l'on peut dire, l'appĂ©tit de violence qui caractĂ©rise essentiellement ce type de foule. Si Pilate procĂšde ainsi, ce n'est pas parce qu'il est plus humain que les Juifs, ce n'est pas forcĂ©ment non plus Ă cause de son Ă©pouse. L'explication la plus vraisemblable, c'est que, pour ĂȘtre bien notĂ© Ă Rome qui se flatte de faire rĂ©gner partout la pax romana, un fonctionnaire romain prĂ©fĂ©rera toujours une exĂ©cution lĂ©gale Ă une exĂ©cution imposĂ©e par la multitude. D'un point de vue anthropologique, la Passion n'a rien de spĂ©cifiquement juif. C'est un phĂ©nomĂšne de foule qui obĂ©it aux mĂȘmes lois que tous les phĂ©nomĂšnes de foule. Une observation attentive en repĂšre l'Ă©quivalent un peu partout dans les nombreux mythes fondateurs qui racontent la naissance des religions archaĂŻques et antiques. Presque toutes les religions, je pense, s'enracinent dans des violences collectives analogues. Presque toutes les religions, je pense, s'enracinent dans des violences collectives analogues Ă celles que dĂ©crivent ou suggĂšrent non seulement les Evangiles et le Livre de Job mais aussi les chants du Serviteur souffrant dans le deuxiĂšme IsaĂŻe, ainsi que de nombreux psaumes. Les chrĂ©tiens et les juifs pieux, bien Ă tort, ont toujours refusĂ© de rĂ©flĂ©chir Ă ces ressemblances entre leurs livres sacrĂ©s et les mythes. Une comparaison attentive rĂ©vĂšle que, au-delĂ de ces ressemblances et grĂące Ă elles on peut repĂ©rer entre le mythique d'un cĂŽtĂ© et, de l'autre, le judaĂŻque et le chrĂ©tien une diffĂ©rence Ă la fois tĂ©nue et gigantesque qui rend le judĂ©o-chrĂ©tien incomparable sous le rapport de la vĂ©ritĂ© la plus objective. A la diffĂ©rence des mythes qui adoptent systĂ©matiquement le point de vue de la foule contre la victime, parce qu'ils sont conçus et racontĂ©s par les lyncheurs, et ils tiennent toujours, par consĂ©quent, la victime pour coupable l'incroyable combinaison de parricide et d'inceste dont Ćdipe est accusĂ©, par exemple, nos Ăcritures Ă nous tous, les grands textes bibliques et chrĂ©tiens innocentent les victimes des mouvements de foules, et c'est bien ce que font les Ăvangiles dans le cas de JĂ©sus. C'est ce que montre Mel Gibson. Tandis que mythes rĂ©pĂštent sans fin l'illusion meurtriĂšre des foules persĂ©cutrices, toujours analogues Ă celles de la Passion, parce que cette illusion apaise la communautĂ© et lui fournit l'idole autour de laquelle elle se rassemble, les plus grands textes bibliques, et finalement les Ăvangiles, rĂ©vĂšlent le caractĂšre essentiellement trompeur et criminel des phĂ©nomĂšnes de foule sur lesquels reposent les mythologies du monde entier. Il y a deux grandes attitudes Ă mon avis dans l'histoire humaine, il y a celle de la mythologie qui s'efforce de dissimuler la violence, car, en derniĂšre analyse, c'est sur la violence injuste que les communautĂ©s humaines reposent. Et c'est ce que nous faisons tous si nous nous abandonnons Ă notre instinct. Nous essayons de recouvrir du manteau de NoĂ© la nuditĂ© de la violence humaine. Et nous marchons Ă reculons s'il le faut, pour ne pas nous exposer, en regardant de trop prĂšs la violence, Ă sa puissance contagieuse. Cette attitude est trop universelle pour ĂȘtre condamnĂ©e. C'est l'attitude d'ailleurs des plus grands philosophes grecs et en particulier de Platon, qui condamne HomĂšre et tous les poĂštes parce qu'ils se permettent de dĂ©crire dans leurs oeuvres les violences attribuĂ©es par les mythes aux dieux de la citĂ©. Le grand philosophe voit dans cette audacieuse rĂ©vĂ©lation une source de dĂ©sordre, un pĂ©ril majeur pour toute la sociĂ©tĂ©. Cette attitude est certainement l'attitude religieuse la plus rĂ©pandue, la plus normale, la plus naturelle Ă l'homme et, de nos jours, elle est plus universelle que jamais, car les croyants modernisĂ©s, aussi bien les chrĂ©tiens que les juifs, l'ont au moins partiellement adoptĂ©e. L'autre attitude est beaucoup plus rare et elle est mĂȘme unique au monde. Elle est rĂ©servĂ©e tout entiĂšre aux grands moments de l'inspiration biblique et chrĂ©tienne. Elle consiste non pas Ă pudiquement dissimuler mais, au contraire, Ă rĂ©vĂ©ler la violence dans toute son injustice et son mensonge, partout oĂč il est possible de la repĂ©rer. C'est l'attitude du Livre de Job et c'est l'attitude des Evangiles. C'est la plus audacieuse des deux et, Ă mon avis, c'est la plus grande. C'est l'attitude qui nous a permis de dĂ©couvrir l'innocence de la plupart des victimes que mĂȘme les hommes les plus religieux, au cours de leur histoire, n'ont jamais cessĂ© de massacrer et de persĂ©cuter. C'est lĂ qu'est l'inspiration commune au judaĂŻsme et au christianisme, et c'est la clef, il faut l'espĂ©rer, de leur rĂ©conciliation future. C'est la tendance hĂ©roĂŻque Ă mettre la vĂ©ritĂ© au-dessus mĂȘme de l'ordre social. C'est Ă cette aventure-lĂ , il me semble, que le film de Mel Gibson s'efforce d'ĂȘtre fidĂšle. RenĂ© Girard source yXz8c.